1           Le 9 mars 2050 tout ira plus ou moins bien ou …                                     … très MAL (VIDÉOS)

Source : https://climat.be/mediatheque/multimedia

 

2           De « l’écologie avant tout » à une écologie intégrant les conditions de vie concrètes

Le seuil de sensibilisation sur les désordres climatiques est désormais atteint : 80% de la population mondiale est convaincue qu’il faut agir plus fort contre les menaces climatiques [1],  60% de la population belge voudrait que le gouvernement en fasse davantage, etc.

Mais l’écologie ne sera jamais le sujet prioritaire et unique de la majorité de la population, d’autant plus dans le contexte de polycrises actuel. Par ailleurs, la capacité de se projeter dans l’avenir (et de penser aux générations futures) n’est pas la même d’un groupe social à l’autre.

Un document d’analyse [2] de l’Institut du développement durable et des relations internationales  (IDDRI) et de Parlons Climat explique que nous devrions désormais passer à une nouvelle phase – nous inscrire dans un discours majoritaire – en déclinant les récits non pas directement sur le climat, l’écologie ou l’environnement, mais sur les conséquences positives qui pourraient en résulter pour les gens si les gouvernements prenaient des décisions qui encouragent le mieux-vivre, avec une attention particulière pour les plus démunis.

Il convient d’intégrer l’écologie dans un projet plus large, en lien avec les préoccupations du quotidien : conditions et qualité de vie, emploi, pouvoir d’achat, santé, alimentation, sécurité, etc.

Cela fait écho à une déclaration toute récente d’Adélaïde Charlier (02/10/2025) à la veille de s’embarquer en voilier pour la CoP30 : « S’agissant de la CoP30, il faut y amener une vision plus holistique (…).  Le mouvement climat n’a pas fini son évolution. Ce n’est que le début. Si le mouvement climat n’évolue pas vers une vision plus intersectionnelle, il va mourir. »[3].

3           Du climat aux limites planétaires

« Nous savons aujourd’hui que [la résolution de la crise climatique] ne peut se faire uniquement par le biais d’une transition énergétique mondiale loin des combustibles fossiles. Nous devons également revenir à un espace opérationnel sûr pour les [autres] limites : [celles] de la biodiversité, des terres et de l’eau, ainsi que de l’azote et du phosphore. (…)

Nous devons reconnaître que tout ce que nous faisons au niveau national, local, dans les entreprises et dans notre vie privée doit être pris en compte et s’inscrire dans des budgets finis à l’échelle mondiale. Nous commençons à comprendre cela pour le climat : il existe un budget carbone mondial associé au maintien de la limite de 1,5 °C. Mais il en va de même pour toutes les limites ; il faut clairement définir un budget pour l’azote, le phosphore (ce qui se traduit par des allocations pour les engrais), l’eau douce, les terres, etc. (…)

Pour y parvenir, (…) nous avons besoin de politiques économiques fortes pour créer les incitations appropriées. » (Johan Rockström, 26/07/2024)[4]

Comme nous le dit Camille Etienne, “La démocratie est encadrée par l’État de droit, mais il y a aussi des limites planétaires qui encadrent [et dont dépend] notre existence. Les lois et les mesures politiques devraient donc aussi respecter ce cadre-là. » (20/12/2024) [5]

 

Les mouvements climatiques ont compris que le dérèglement climatique s’inscrit dans un contexte plus large, celui de la transgression des frontières planétaires, toutes interconnectées (outre un besoin de justice sociale).

Mais en dehors de cette « bulle », il en est tout autre.

En Belgique : Vinz Kanté est intervenu dans une trentaine d’écoles secondaires pour parler des limites planétaires. « Le constat ? La grande majorité des élèves (14-19 ans) n’ont jamais entendu parler du concept. Ils connaissent le changement climatique (les bases) mais ignorent tout du reste : l’effondrement de la biodiversité, la raréfaction des ressources, la pollution chimique. Et même la disparition d’espèces [cela] reste difficile à relier à leur quotidien. » (Vinz Kanté, mai 2025) [6]

Ce que V. Kanté a constaté dans les écoles est aussi la réalité pour la plus grande partie de la population adulte. Idem dans mon entourage personnel (famille, amis, relations), hors de ma bulle de militants actifs.

4           Les limites planétaires : comment sensibiliser ?

Les limites planétaires, peut-être pas un outil inspirant pour le grand public ? Cela pourrait être perçu comme une condamnation sans appel…

Car le grand public que nous voulons toucher – et qui a besoin de savoir “de façon sensible” comment exercer une réelle action – comment pourrait-il, dans son mode de vie, diminuer sa pression sur le cycle naturel du phosphore ? Qui a une expérience pratique de comment préserver la biodiversité au niveau mondial, dans la forêt tropicale, dans le milieu océanique, dans son environnement immédiat ? Comment lutter en pratique contre le changement d’utilisation des sols ? Etc.

Sans perception “par le corps” de ce que l’on peut faire, cela peut amener à une incrédulité et à un profond découragement.

Le concept serait-il trop complexe que pour être compris /adopté par le grand public ? Comment l’y aider ?

4.1          En rendant concrètes les transgressions des limites planétaires

… au-delà des concepts théoriques désincarnés – voire en les dramatisant par des descriptions précises + les conséquences + quelques illustrations qui nous touchent déjà de près (une première esquisse est disponible sur demande).

4.2          En montrant en quoi un meilleur respect des limites planétaires est important au quotidien

… pour nos besoins de base :  la SANTÉ, une ALIMENTATION SAINE, la qualité de l’EAU que nous buvons, le POUVOIR D’ACHAT, l’EMPLOI, la SÉCURITÉ, SE DEPLACER dans de bonnes conditions, vivre dans des LOGEMENTS adaptés aux conditions climatiques, la QUALITÉ et le CADRE DE VIE, etc. (ce sera l’étape suivante).

Le concept a le grand mérite d’élargir les domaines de préoccupation vitaux à mettre en avant. Ceux qui acceptent que l’on ne fasse rien pour arrêter le réchauffement climatique seront peut-être plus sensibles à la pollution chimique car ils ont peur pour leur santé. D’autres prendront plus facilement conscience des menaces que constitue la perte de biodiversité, etc. Ce qui permet de sensibiliser et mobiliser plus de personnes en un seul mouvement.

Manifester pour le (seul) climat n’est plus une option (voir plus haut). Lutter pour « Une Terre habitable pour tous » implique désormais d’élargir l’appel aux consciences à l’ensemble des déséquilibres environnementaux.

 

5           Le respect des limites planétaires soumis à plusieurs votes en Suisse

 

Le 9 février 2025, le peuple suisse a été appelé à voter pour ou contre « Une économie responsable respectant les limites planétaires ». Vote populaire : 30% de oui, soit plus que le score de n’importe quel parti écologiste en Europe.[7]L’initiative voulait inscrire dans la Constitution le respect des ressources planétaires. Elle exigeait que l’économie suisse, y compris ses importations, se réinsère dans les limites naturelles terrestres d’ici à dix ans. (Plus de détails sur demande).

Dans sa communication, le Gouvernement fédéral appelait fermement la population à rejeter la proposition.

Votes préalables par le Conseil national : 69% de non – Par le Conseil des Etats : 74% de non.

« La Suisse rate sa chance de lutter contre les crises environnementales », « Ce refus est une victoire pour les défenseurs du statu quo, qui ignorent les avertissements des scientifiques[8] ont déclaré les Jeunes Vert-e-x-s, à l’origine du texte. (Source :https://www.rts.ch/info/dossiers/2025/votations-federales-du-9-fevrier/2025/minute-par-minute/28780610.html).

[1] https://climatepromise.undp.org/fr/news-and-stories/la-plus-grande-enquete-dopinion-mondiale-sur-les-changements-climatiques-publie

[2] Version PPT: https://www.parlonsclimat.org/_files/ugd/f1dbcf_2ae31310360940f89509c12308d6be11.pdf

[3]  IN : https://soirmag.lesoir.be/702401/article/2025-10-02/adelaide-charlier-absente-de-la-marche-pour-le-climat-les-jeunes-sengagent?utm_source=SoirmagFacebook

[4] IN : S’éloigner des limites planétaires : entretien avec Johan Rockström https://www.mckinsey.com/industries/agriculture/how-we-help-clients/natural-capital-and-nature/voices/pulling-back-from-the-boundaries-an-interview-with-johan-rockstrom

[5] IN : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/l-invite-au-carre-6831410

[6] IN : https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7321404917040963584/

[7] Source :https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/votations/20250209/iniziative-responsabilite-environnementale.html – Taux de participation : 38%. (En moyenne, environ 45% de l’électorat suisse participe aux votations et aux élections)

[8] Source :https://www.rts.ch/info/dossiers/2025/votations-federales-du-9-fevrier/2025/minute-par-minute/28780610.html